La Dame à la longue silhouette noire

Depuis quelques jours, sa vie de voyages a atterri sur l'autre continent, en la ville de Boston. Ville-souvenir où elle vécut des jours heureux qui ont maquillé sa beauté naturelle de femme mure à l'âme chaude et longue comme ces plages d'atlantique qui longent les deux rives de l'océan de sa vie. De là-bas, elle nous envoie des cartes-postales électroniques, images de sa joie et de ses doux sentiments qui l'envahissent de leurs retrouvailles.

Vie de voyages, voyages de trains, voyages d'avions, voyages de pas, voyages de rencontres, mis dans des pages où vie et romance se mélangent comme deux amants. En des pages reliées de fils et de colles ou juste emboitées, elle y dépose ses souvenirs, ses rêves, ses fantasmes, comme tout autant ceux de ces autres rencontrés d'un moment court ou long. Romancière, nouvelliste, écrivaine, de tant de mots savants on la montre d'un doigt souvent bienveillant, répondant à une bienveillance, héritière d'une noblesse de sang et de cœur.

C'est sur des toiles blanches que ses mots prennent vie dans des jeux de rôles portés par des professionnels de la belle imposture nommée comédie. La dernière œuvre échappée de sa main comme un oiseau-lyre s'envolant par la fenêtre de son imagination d'éternelle infante pour éclairer des salles noires où des spectateurs retrouvent l'instant d'un film leur âme d'enfance perdue dans les brumes de leur vie quotidienne se nomme Boomerang. Joli mot boomerang, désignant cet objet façonné dans la nuit des temps destiné à nous revenir. L'amour comme la haine sont boomerang. Quand on lance la haine, elle nous revient haine. Quand on lance l'amour, elle nous revient amour.

Tatiana de Rosnay l'a appris de sa vie de voyages et de rencontres. Sa longue et fine silhouette noire, marquée d'un humble sourire, se courbe en mère-couveuse sur une petite jeune-femme, également tout de noir vêtue, au sourire tout aussi simple que sa tenue et prometteur d'un amour désintéressé. Photo, qui fige en un instant d'éternité une rencontre en un lieu destiné aux rencontres, l'Alliance Française de Boston. Femme-symbole à la culture et au sang mélangés, elle y est ce que l'amour d'un homme et d'une femme peut donner de plus beau, une rencontre permanente de dialogues et de respect mutuel.

Puis viendra le temps du départ. Comme tous ces voyageurs et voyageuses permanents, elle partira vers d'autres cieux, d'autres rencontres, d'autres sourires qu'elle déposera, les temps de repos, sur de nouvelles pages blanches prêtes à accueillir de leur virginité un premier amant, ces moments de rencontres qu'elle façonnera de son art de plume. Ainsi en est-il des écrivains qui laissent tomber de leur oiseau-lyre des plumes multicolores comme les feuilles des arbres de ces automnes américains si particuliers.

Fin