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L'argent pas gagné

Il vient d'ouvrir les yeux. C'est la troisième fois. Ce n'est plus la nuit. Il est trop tard pour aller à la messe, même à quelques centaines de mètres de chez lui. Le chien a remarqué qu'il bouge, il se rapproche. La fois d'avant, il s'était couché sur son lit près de lui, sentant qu'il y aurait une prochaine fois. La première, c'était sur le vieux canapé en cuir bleu-usé, en bas. La télévision et le décodeur-satellite s'étaient endormis déjà depuis longtemps, seules les lumières veillées sur son sommeil et ses rêves. Il s'était levé, titubant un peu, son petit-orteil lui faisant toujours mal. Il se l'était cogné dans une caisse en plastique gris remplie de livres policiers bien serrés, en format de poche. Ce n'est pas sa littérature, ils sont là pour être mis en ligne et vendus, depuis plus d'un an… Il se demande toujours s'il l'a cassé ou juste déchiré un ligament en le démettant. Il penche pour la seconde idée, car plus douloureuse et longue à guérir. Quand il faisait du judo, il avait connu ce genre de mésaventure. Ce n'était qu'après de long mois après avoir arrêté le judo, que ces orteils douloureux s'étaient totalement remis. Avant, comme une lèvre boursoufflée que l'on remord régulièrement, ils se prenaient à qui mieux mieux dans le tatami pour de nouveau se retourner dans une douleur à laquelle il ne faisait plus attention dans l'action du combat. Certains de ses amis les bandaient deux par deux ou trois par trois. Lui s'en moqué. Les seules blessures qui avaient droit à des soins étaient ces entorses de la cheville, une fois à gauche, une fois à droite. C'était alors compresses embaumant le Synthol entourées dans une bande Velpeau, qu'il avait savamment appris à enserrer autour de sa cheville pour qu'elle ne se défasse pas dans le combat. Le week-end, sa mère les lavait avec son kimono, elles faisaient parti de sa tenue de sportif depuis l'âge de dix ans. Elles ne lui avaient pas servi qu'au judo, dans d'autres sports aussi, collectifs ou individuels. Il eut sa période de boulimique du sport, les multipliant dans la semaine. Judo, natation, water-polo, tennis de table, jogging le dimanche. Plus tard, il changea le judo en d'autres arts martiaux plus variés, incorporant poings, pieds et armes à ses compétences de guerrier de salle de sport. Dans les années 1980, il pratiqua en plus musculation, aérobic et stretching, sports à la mode du moment. Après l'armée, il sortit des piscines pour plonger sous la surface de la mer et l'hiver pour nager des kilomètres, dans les étangs froids du nord de l'Île-de-France, gainé par dessus un tee-shirt de sa combinaison noire de plongée et muni de ses longues palmes vertes spécifiques à cette activité, délaissant celles noires et plus courtes des profondeurs. La chaleur dégagée par son corps se godillant, ses puissants bras et cuisses en mouvement lent, était sa vraie protection contre la température de l'eau glaciale d'un dimanche de janvier ou de février. Le plus difficile à supporter était le froid s'immisçant autour du masque en latex transparent derrière le large tuba rouge, par lequel il respirait d'un souffle au rythme savamment travaillé par cet athlète de la douleur sportive. Également petit cavalier, il avait eu envie de s'essayer au triathlon. Pour cela, il avait regardé s'il pouvait tirer au pistolet, mais les armes à feu ne sont pas son truc. Alors il s'était mis au tir à l'arc, trouvant dans la concentration qu'exige ce sport des moments de méditation active relaxant sa colère toujours en embuscade d'une provocation hasardeuse. Amoureux des arts martiaux japonais, n'ayant où pratiquer le kyudo près de chez lui, le tir à l'arc était un palliatif agréable. Le jogging s'était allongé en course de demi-fond grâce à la pratique hivernale du ski-de-fond. Pour cela, il avait accepté de faire une entorse à son horreur de la compétition à la demande de collègues de travail voulant enrichir le club de l'entreprise de sa personne. Il avait découvert le ski-de-fond à dix-huit ans cherchant où passer le premier séjour à la montagne de sa jeune vie. Dans sa famille, jamais personne n'était allé à la montagne l'hiver. Il y avait bien des colonies de vacances dans l'entreprise de son père, mais sa mère n'avait jamais voulu l'y envoyer. Dans sa pauvre banlieue, l'école n'emmenait pas non plus les élèves au-delà de quelques dizaines de kilomètres à la journée. Il aimait découvrir la neige lumineuse au petit matin, se réveillant à l'appel du contrôleur du train avec ses covoyageurs du compartiment-couchette. C'était un émerveillement d'enfant, que s'être endormi au roulis du train de nuit quelque part en Bourgogne et de se réveiller dans le Jura au pied de ses montagnes enneigées comme ses forêts, routes, villes et villages. Il fut ainsi un drogué du sport. Sa carrure d'homme presque trapu et sa musculature encore ferme, sous une couche graisseuse évoluant en épaisseur de plus ou de moins selon les saisons et les années, avec quelques boursouflures sur des tibias déformés par les coups reçus et un œil à l'orbite irrégulier, qu'il faillit perdre un jour de compétition, en sont les témoins encore visibles à l'oeil averti. Tout cela, il l'arrêta comme les nuits parisiennes, quand sa vie se conjugua au pluriel de celle qui allait devenir son épouse et la mère de ses enfants.

 

Aujourd'hui, ce pluriel est redevenu singulier. Son smartphone et son ordinateur sont ses nouveaux pluriels, pluriels virtuels d'un monde numérique tout aussi virtuel. Nul besoin d'un avatar savamment choisi pour découvrir sa personnalité intérieure rêvée et masquer sa personnalité réelle fuit. Ils se découvrent et s'affirment experts, maîtres ou gourous de sciences et techniques nouvelles qu'ils inventent au gré de leurs folies et mégalomanies ou, beaucoup plus rarement, d'un génie à valoriser à prix d'or, ces influenceurs du Net auto-déclarés. Internet et les réseaux sociaux lui font penser à ce Far-West légendaire, où rêveurs, escrocs, mégalomanes, prostituées, gangsters, assassins et prédicateurs d'apocalypses, grouillaient au milieu d'aventuriers venus chercher l'or et l'espace qui leur manquaient dans la vieille Europe. Internet, lieu d'une liberté tout aussi illusoire que proposerait une vie éloignée de l'argent. Cette vie loin de l'argent, il la connait à présent, aujourd'hui qu'il vit de l'argent pas gagné, de la charité des autres et de ses rêves abandonnés, même pas mis de côté. Les rêves, il n'y a plus que dans son sommeil qu'il y a droit, et encore, quand ils ne sont pas trop fréquemment presque cauchemars. Est-ce pour cela qu'il multiplie les occasions de dormir la journée et se réveille la nuit, la lumière allumée, comme un enfant aillant peur du noir ? Le chien se fait pressant, tentant de lui expliquer avec ses mots de chien à lui qu'il a justement une envie pressante. Il éteint sa machine de survie nocturne, enlève le masque de plongeur de la nuit, s'assoie, met ses vieilles lunettes un peu rayées et sa montre au bracelet écaillé. Il prend son smartphone, débranche le chargeur dont il roule de fil, puis se dirige vers la salle-de-bain où il met ses sandales pour pas que le chien ne les lui prennent. Il enfile un vieux pull en laine synthétique marron, déformé et sale, et un pantalon de jogging gris par-dessus son pyjama d'été, optimiste en cet avril encore froid. Il s'enserre la taille d'une ceinture en tissu bleu-pétrole, à la boucle de type armée américaine. Il est en période de perte de poids. Le chien s'impatiente. Suivis de la petite chate grise, les deux compagnons d'infortune se dirigent vers le bas. Au passage, il vérifie que son compagnon ne sait pas laissé aller d'une flaque dans le couloir de parquet à refaire, ou d'un petit tas dans l'escalier en pierre à laver. Ce matin rien en vue, faut dire qu'il l'a fait sortir à 4 heures 30 cette nuit, avant de passer du canapé au lit. Arrivé dans le séjour, il ouvre la porte-fenêtre, le chien sort et lui va dans la cuisine. La petite chate s'est arrêtée au pied du piano droit couleur crème, sur lequel se trouve ses gamelles jumelles en métal, posées sur un petit support en bois vert-d'eau. Il revient et dépose dans celle de gauche une poignée de croquettes. C'est son repas du matin. Le soir, elle a droit à un sachet fraicheur dans celle de droite. Cette alternance permet de lui donner du plaisir le soir et d'entretenir ses dents le matin. Hier soir, elle n'a pas vomi. Petit animal à l'estomac fragile, il lui arrive de déglutir, quand elle a eu les yeux plus gros que le ventre en mangeant à la fois des croquettes et du sachet fraicheur. A lui maintenant d'aller se soulager. Une fois la chose faite, il se lave soigneusement les mains au petit lavabo et se les essuie tout aussi soigneusement à la petite serviette, qu'il faudrait bien qu'il change depuis le temps qu'elle est pendue là. Revenu dans la cuisine, il remet son smartphone en charge. Puis il remplit sa tasse du café de la veille et la met dans le micro-onde. Le gros cube blanc se met à ronronner pendant que la tasse y fait son tour de manège habituel. Il jette un œil au travers de la porte-vitrée sale des traces des pates du chien qui veut entrer. L'assiette est vide et les petits filets en plastique vert le sont presque aussi. Il prend au milieu du désordre du buffet deux boules de graines et de graisse et le sachet de graines pour tourterelles. Il sort, pose les boules aux endroits habituels et remplit la petite assiette. Chacune est à un emplacement étudié pour qu'il puisse regarder au travers des petits carreaux de la porte, du fond de sa cuisine appuyé contre les placards, sa tasse de café à la main, le ballet des oiseaux venant picorer. La petite bande de ses invités ailés est composée de six moineaux, d'un merle, d'une grive et de deux tourterelles. Si les moineaux sont toujours présents, les plus gros viennent rarement ensembles. Il a l'impression d'être au bord d'un point d'eau africain où herbivores et carnivores viennent ensembles se désaltérer. Les moineaux sont toujours les premiers au repas du matin. Ils se répartissent entre les restes des boules de la veille et les nouvelles. Ils ne dédaignent pas non plus l'assiette, mais ce n'est pas leur préférée. Ils se chicanent entre eux en batailleurs qu'ils sont. A force d'observation, il a remarqué qu'il y avait un dominateur, comme dans tout groupe. Il va d'un point d'appétit à l'autre et pique de son bec le picoreur du lieu afin de montrer son autorité. Au passage, il prélève son tribut de pouvoir et passe à un autre. De temps à autre, un humoriste semble crier, AU CHAT, du haut d'une branche de la noueuse glycine surplombant ce restaurant à ciel ouvert. C'est alors une volée de moineaux. Il est le premier à revenir sur la place désertée par sa plaisanterie, sûrement de mauvais goût pour ses congénères. La chate, elle n'y vient presque jamais. Elle préfère chasser dans l'herbe déjà haute de l'autre côté de la maison. Le chien ne vient que pour renifler ces odeurs surprenantes que ses congénères de la rue n'ont pas la chance de connaitre. Le merle et la grive sont des convives calmes, qui tolèrent ces plus petits qu'eux. Comme les moineaux, le merle préfère les boules de graines et de graisses. Ayant un plus gros bec qui passe difficilement entre les mailles du filet, il a sa technique. Il prend la boule, la jette de côté, la pousse et mange les graines qui en sont tombées. Les tourterelles, prudentes, commencent par observer les alentours du haut du toit du garage, avant de se laisser choir, les ailes à peines déployées pour ralentir leur chute. Elles continuent leur inspection du lieu à terre, avant d'aller à l'assiette qui leur est destinée. Là, d'un mouvement de marteau-piqueur du cou, elles prélèvent leur nourriture. Trois mouvements vers le bas et une pause pour vérifier d'un œil rapide la toujours sécurité. Quelques moineaux s'aventurent à leur contester leur place qu'elles chassent d'un coup d'ailes menaçant. Pendant que l'une fait les cents pas autour comme un garde armé, l'autre se baigne dans l'assiette, tel Picsou dans un bain de pièces d'or. Après au tour du garde de se baigner, pendant qu'il passe le relai à sa compagne. Ces nouvelles dépenses ne pèsent pas bien lourd dans son petit budget. Elles valent bien ce spectacle matinal réconfortant. Les SDF jettent des miettes aux pigeons des villes, lui donne des graines aux oiseaux de sa campagne. Entrainement, avant que lui aussi ne jette des miettes de pain…

 

Le mois est déjà dans sa dernière décade. L'argent pas gagné, déposé sur son compte en banque par la charité nationale, ne se compte plus qu'en dizaines d'Euros. Au début du mois, à la réception, il a prélevé une épargne de précaution, qu'il a mise dans une petite boîte en plastique transparent avec ce qui restait de celle d'avant, rongée en partie par le froid mois dernier. L'hiver est toujours long à ceux qui doivent choisir entre se chauffer, manger, faire plaisir, aller chez le coiffeur, s'habiller, changer ses vieilles chaussures trouées et tous ces autres choix que la plupart des gens ne pensent qu'en terme de découvert en banque. Lui, comme tous les pauvres, n'a plus droit au crédit des banques. Même si elles ne prêtent pas qu'aux riches, les banques ne prêtent jamais aux pauvres. Pourtant, ils sont sûrement les meilleurs débiteurs de bonne foi, n'empruntant pas au-delà de leurs besoins raisonnables, faisant un honneur de rembourser l'ami créancier. Un des derniers honneurs qu'ils leur restent. Épuisé de honte, il ne va plus faire la queue chaque mois pour remplir des sacs au Secours Populaire de la ville d'à côté. Il a presque fini le carton de boîtes de rations militaires que lui avait gentiment donné une amie, avec un autre de vêtements. Il lui reste des pommes données par un autre ami, qui, lui aussi, lui a donné des vêtements qu'il ne met plus. S'habiller des usagés des autres et des siens est sa nouvelle mode. Faire la chasse aux réductions et petits prix est sa nouvelle façon de faire les courses, lui l'ancien dispendieux. Quand on vit de l'argent pas gagné, on en est plus économe que de celui gagné à la sueur de son front et dans l'honneur du travail quotidien. La honte de vivre de l'argent pas gagné, il l'a apprise dans le regard des autres, comme d'autres y apprennent la honte d'être différent physiquement ou mentalement. C'est dans le regard des autres, des forcément plus riches qu'un vrai pauvre, vrais riches, riches ordinaires ou riches de classe moyenne, que la honte d'être pauvre s'apprend. Elle s'apprend dans les remarques acerbes que, même ceux qui disent être vos amis, lancent à la volée des conversations ou sur leur page Facebook ou leur compte Twitter, en sentences dénonçant et jugeant tous ces fainéants qui vivent de la charité nationale, usurpée sur l'argent de leurs impôts, devenus forcément injustes de par la fautes de tous ces paresseux. Travailleurs, retraités, ou ces oisifs, riches ou pas, qui trompent l'ennui dans des œuvres qu'ils disent caritatives, aucun ne diffèrent dans leur jugement dit dans l'ombre d'un entretien privé pour les moins courageux ou les plus hypocrites. Lui qui connait l'ombre et la lumière des uns et des autres les plaint plus qu'il ne les haït, dans ses moments de peines et de colères à lui, dans l'ombre d'une chambre aux volets mi-clos ou dans la lumière d'un réseau social public. Combien en a-t-il entendu en confession de leurs péchés de vanité et d'orgueil, qui, ignorant sa situation sociale, trompés par son apparence, ont déversé leur fiel sur ces fainéants grassement nourris, pendant qu'eux suent sang et eau, ou les ont sués avant leur retraite. Qui le croirait avant de l'avoir entendu de ses oreilles ou vu de ses yeux, que ces belles âmes, admirées de leurs proches ou des foules pour leurs belles œuvres, sont aussi de tristes personnes au discours parfois sanguinaire. Ils sont comme ces gentils chats et gentils chiens ou beaux oiseaux qui déchiquettent de leurs crocs et bec la chaire de leur proie pas toujours morte. Par honneur, par respect mais aussi par honte, il tait tous ces entendus et vus. Est-ce normal que ce soit lui qui doive se taire, quand ses bourreaux pavoisent en public, claironnant la beauté de leur âme, si difficilement acquise et conservée dans une vie qui fut si dure et que certains l'étalent dans des livres à leur gloire, ou comme une psychanalyse rémunératrice plutôt que chère à payer. Eux, une vie dure, ils savent ce que sait, pas comme tous ces fainéants qu'ils nourrissent de leurs impôts. Que de choses pourrait-on faire si on n'était pas obligé de nourrir ces fainéants. On pourrait accueillir plus de migrants et de réfugiés. On pourrait loger ces rejetés de la guerre plus dignement et leur donner ce travail que tous ces fainéants pourraient occuper s'ils avaient un peu plus de courage. Ainsi ces belles âmes trient-elles entre-elles les pauvres en catégories, acceptables ou inacceptables. C'est tellement amusant un pauvre, qu'on en fait aussi des blagues et des sketchs pour faire rire ceux qui ont de quoi payer pour aller voir leurs spectacles, ne voulant pas connaitre tous ceux qui en pleurent derrière leur télévision ou leur radio, gratuites elles. Ils appellent cela de l'humour ces belles âmes, conspuant ceux qui n'ont pas de second degré parce qu'ils le vivent au premier degré au quotidien. Mais que les importent, en dehors de leurs spectacles et émissions de charité qu'ils font chaque année, et des causes et associations qu'ils parrainent afin de travailler leur image publique, méprisant celles en dehors de leur image de marque, rejetant dans l'ombre des micros et des caméras leur part d'ombre à eux et à elles. Que penseraient-ils s'ils savaient qu'une partie de cet argent pas gagné sert à nourrir son chien, son chat et les oiseaux de son jardin ? Penseraient-ils qu'au moins ça sert à une chose plus utile qu'engraisser ce fainéant ou comme des bourgeois du XIXe siècle, qu'on est encore trop généreux avec ces pauvres puisqu'ils en donnent à d'autres. Finalement, il se moque bien de tout ce que peuvent penser ces belles âmes de lui et de ses congénères de la pauvreté, comme il se moque de ce qu'il lui arrivera demain. Car il en est ainsi de tous ces fainéants qui vivent de la charité publique et privée, qu'à force de honte déversée sur eux, aujourd'hui et demain ont perdu toute saveur de vivre. Certains en meurent, d'autres en vivent une vie qui ne ressemble plus vraiment à une vie, d'autres encore n'ont même plus la sensation de vivre, faisant de la mort une inutilité de plus dans leur vie d'inutile. Lui ne se pose plus la question, n'en connaissant que trop la réponse…

 

Dimanche 24 avril 2016, 19h30, quelque part sur les ondes de l'océan de la vie

Mepris

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