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L'année sans Noël

Selon le calendrier, Noël est le 25 décembre de chaque année. Pas une année à laquelle il ne manque un 25 décembre marqué de ce mot Noël. Partout dans le monde, à l'approche de cette date, les rues et les boutiques s'illuminent, les gens achètent des cadeaux pour ceux et celles qu'ils aiment. Noël, c'est la fête dans le monde entier, juste avant celle du Nouvel An. Quelque soit la religion dominante du pays, le 25 décembre n'est pas un jour comme un autre, aidé par une société de consommation qui se mondialise. Qui dit Noël dit cadeaux donc dit achats, ainsi le 25 décembre reste une fête d'amour, d'espérance et de partage. Pour certains, le 25 décembre est le jour de la naissance de l'enfant Jésus, pour d'autres, de cette légende est née la fête des enfants, la fête des plus petits. Nos enfants sont nos petits et dans notre société, d'autres petits, pas forcément en âge, en sont ses enfants. Noël, ce n'est pas seulement des cadeaux que l'on s'offre mutuellement, c'est aussi un moment de partage, de joie. Noël est un jour où on espère que les guerres et les conflits s'arrêtent le temps d'un jour. Un jour où les armes se taisent afin de faire suffisamment de silence pour réentendre nos cœurs battre. Malheureusement, comme chaque année, il y aura des endroits dans le monde où les armes continueront de tuer, où les bombes exploseront encore. Il y aura des fêtes qui n'en seront pas vraiment, où les convives s'entredéchireront une fois de plus. Des ce qui aurait dû être une fête en mettant ses différences de côté quelques heures ne le seront pas parce que ce sera au-delà de leur capacité d'aimer, de leurs capacités de tolérance. Ainsi en vont les choses, ainsi en va l'humanité, ainsi en va la vie que la magie de Noël ne reste pour certains que dans une belle vitrine d'un beau magasin, d'une belle ville encore intacte, d'un de ces pays encore épargné par la haine et la guerre.

 

Mais dans ces pays et villes épargnés par la guerre, la peine et la souffrance n'en sont pas moins totalement exclues. Dans leurs rues s'expose la pauvreté nouvelle ou ancienne ou bien elle se cache dans leurs maisons. Ils sont des milliers, des dizaines de milliers, peut-être même des centaines de milliers pour qui Noël ne sera pas un moment de partage et de douceur. Ils et elles seront seuls, seuls avec d'autres ou seuls avec eux-mêmes. Ils et elles sont vieux, pas si vieux, jeunes ou enfants. Leur point commun ? Un être ou des êtres qui manquent à leurs côtés. Un grand-père, une grand-mère, un père, une mère, un oncle, une tante, un frère, une sœur, un cousin, une cousine, un ami, une amie, un enfant, une enfant, un compagnon, une compagne, tous ces êtres aimés partis ou juste absents qui nous manquent. Ils et elles ont accompagné de leur présence physique nos jours passés pour la plus part, parfois d'un passé pas si lointain. Pour quelques uns, ils ont juste caressé de loin notre esprit et notre cœur de leurs mots avant de disparaître dans un monde virtuel creusé de trous noirs intergalactiques, les propulsant dans une autre galaxie virtuelle aux étoiles étrangères, les faisant disparaître de nos yeux mais pas de notre cœur. Comme dit l'histoire, les années passent et ne se ressemblent pas. C'est en feuilletant notre carnet de souvenirs qu'on en a la confirmation. Qu'ils soient fait de photos ou juste de pensées, nos images-souvenirs en disent long des joies et bonheurs passées. Chaque date symbolique est l'occasion de rouvrir ces carnets-souvenirs. Ils sont des épées à double-tranchant. D'un de leurs fils, ils nous apaisent en caressant notre âme de la douceur de leurs souvenirs. Nous sentons sur notre joue le baiser d'autrefois. Sur notre peau encore sensible, courent les frémissements des caresses du passé. Ainsi reprennent vie tous ces moments d'hier qui ont laissé en nous des cicatrices d'amour.

 

Le rappel de tous ces moments et sensation arrivé à la pointe de l'épée magique redescend le long du fil de la douleur. C'est d'abord la douleur de l'absence qui meurtrit notre corps hachant chaque cicatrice d'amour de coups saignants. Après s'être attaqué au bonheur, rien de tel que les souvenirs de violences pour pénétrer dans les chaires, facilement dans les plus tendres, plus difficilement dans les plus dures, mais sans jamais ne pas parvenir à son but, détruire dans le solitaire les sensations qui pourraient lui faire oublier la dureté de la vie qui est la sienne aujourd'hui. Inutile de chercher à s'enfuir, cet ennemi de la joie et du bonheur est allé à l'école de Caïn. Il sait où se placer en vous pour que où que vous alliez, il puisse vous attendre au détour d'un bois aux allures pas si inquiétantes. C'est quand vous vous y attendez le moins, quand, tel un enfant insouciant, vous allez d'un pas léger que l'ennemi s'abat sur vous tel un charognard se voulant rapace. Et quel meilleur moment que l'approche de la fin d'année, avec cette joyeuse fête du 25 décembre appelée Noël, pour s'abattre sur vous, sur moi. Une fin d'année est toujours un moment que l'on dit bon pour faire le bilan de celle-ci. Dans une année, il n'y a pas qu'une seule fin d'année. Notre anniversaire est aussi une fin d'année civile à sa façon. Le début des vacances scolaires est une autre fin d'année. Qu'on ait des enfants ou pas, les vacances scolaires dites grandes nous marquent tous, que nous travaillons ou non. Comme pour Noël ou la fin de l'année, il est impossible de passer à côté. Nos voisins, collègues, amis ou famille, tout le monde en parle. Impossible d'ouvrir la radio ou la télévision sans tomber sur l'information, ce sont les vacances, c'est Noël, c'est la fin de l'année. On nous impose ces rendez-vous du calendrier comme obligatoires, avec obligation d'être heureux.

 

Pour mieux nous imposer cette obligation d'être heureux et heureuse, on nous rappelle que tous et toutes n'ont pas la chance de pouvoir partir en vacances ou de passer un Noël en famille ou un Jour de l'An avec des amis. Comme si ceux-là n'écoutaient ni radio ni télévision, on en fait des objets médiatiques, que l'on humanise juste suffisamment pour nous faire mieux goûter notre joie d'être comme tout le monde. Ne vous y trompez pas, être comme tout le monde, c'est vivre dans un pays en paix, c'est pouvoir partir en vacances, pouvoir faire la fête durant la fin d'année, pouvoir offrir et recevoir des cadeaux de personnes que vous aimez et qui vous aiment. Eux et elles, les souffrants, de la maladie, du handicape, de la guerre, des catastrophes, de la misère, ils ne sont pas comme tout le monde nous laisse-t-on sous-entendre, comme si joie et bonheur étaient naturels, un code génétique inscrit dans les plus grandes profondeurs de notre ADN dans la nuit des temps. Pourtant, tout autour de nous, la vie apparaît comme une lutte, une lutte de chaque instant pour certains, humains, animaux ou plantes vivant dans les lieux les plus hostiles de la planète. Endormis par les belles images de naissances idéales diffusées sur nos médias, nous oublions que naître à la vie n'est pas gagné d'avance. Même cette étape passée, combien verront la fin de leur enfance, leur adolescence ou l'âge adulte, la vieillesse ? C'est pour oublier tout cela que les humains aiment fêter ces fins d'années, dont on nous dit que Noël est la plus belle.

 

Depuis mon enfance, Noël a toujours tenu une place à part et quelle qu'ait été l'année, j'ai toujours mis un point d'honneur pour lui laisser cette place spéciale. Mieux, ces dernières années, j'ai rangé mon sapin et ma crèche le plus tardivement possible. J'espérais ainsi étendre la magie de Noël, celle qu'on m'a contée dans mon enfance, celle que me racontent les médias, celle que me vendent les beaux magasins. Cette année, c'est en septembre que sapin, crèche et objets de décorations de Noël sont rentrés dans leur carton, mis par des amis venus m'aider à préparer mon départ. Cette année n'a pas été un grand décembre mais un long novembre froid, venteux et humide. Tous les morts n'auront pas été que physiques, beaucoup ont été symboliques, certains virtuels mais tous réels. La bassesse, la trahison et le mensonge ont aussi été de la partie, finissant notamment une année d'anniversaire et ouvrant celle suivante dans les bas-fonds de la société où se croisent déshonneur et dignité invincible dans un mélange aux proportions variables selon qui on est. L'été a été celui du dépouillement auquel se sont ajoutés les intrusions et le vol. Entre, de beaux moments d'amitiés se sont faufilés pendant que d'autres amitiés se défilées. Pour ne pas s'enterrer dans une haine dévorante, le pardon à tous est le seul chemin possible. Le pardon nous délivre des ressentiments et nous offre une chance de marcher de nouveau libre vers une vie nouvelle. Reste que cette année du long novembre n'arrivera pas jusqu'en décembre. De son ombre, novembre recouvrira décembre, sa pluie venteuse, empêchera la douce neige d'étaler son blanc manteau de lumière, sapin et crèche resteront dans leur carton. Oui, cette année sera sans Noël, pour ne pas faire semblant d'être comme tout le monde…

Calendrier sans decembre

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