Regard bleu de l’âme

Si pour certains son regard est comme un ciel d'été pour moi il fût comme un soleil.
Un regard d'elle et je m’enflammais comme une forêt de pins en juillet.
Son regard était devenu mon ciel vers lequel je levais les yeux.
Il était aussi la mer dans laquelle je plongeais et me noyais.
J'y voyais briller Lucifer porteur de lumière au matin.
J'y voyais aussi le chagrin de Vénus sa sœur jumelle au soir.

Quand elle se laissait sombrer dans une bouteille à la mer,
Son regard devenait vagues, des vagues où se noyait l'ennui.
Regard vitreux au travers d'une fenêtre qui me l'interdisait,
Il brillait encore plus quand le noir de ses pupilles s'effaçait.
Furieux, il devenait ce bleu de la mer qui n'est presque plus bleue.
Comme des vagues tumultueuses, il chavirait en tous sens.
Il emmenait avec lui l'écume blanche de ses yeux jusqu'au delà.
De ses vagues, il venait frapper bien plus fort que des mots.

Puis il se retournait vers lui, marée basse de sa colère.
Alors ses vagues allaient et venaient doucement à nouveau.
Regard tourné vers ses songes, il se cachait derrière ses paupières.
Même ces volets clos ne pouvaient empêcher le bleu d'émerger.
Il affleurait ses paupières comme souvenir d'un dernier regard.
Après un soir de colère et une nuit de calme, arrivait le matin.
Il se relevait et brillait de nouveau, une nouvelle journée commençait.

Je n'aurais jamais cru avant que le soleil puisse être bleu.
Aujourd'hui, une mer de bouteilles évidées l'a emmenée au loin.
Le soleil reprend ses couleurs de nature et la plage est déserte.
Cette plage d'un lit aux draps froissés sous un cœur de paille sèche.
Au-dessus de ce lit-plage le ciel de mes nuits n'accueille plus d'étoiles.
Même la Lune s'est retirée avec mes rêves ne laissant qu'un triste bleu nuit.