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Vous n'avez rien compris

Vous n'avez rien compris 

Plus vous cherchez à comprendre, plus vous vous enfoncez dans l'incompréhension. Plus vous apprenez, plus vous accumulez d'ignorance. Plus vous observez et plus vous vous aveuglez. Ne comprenez-vous donc pas que pour voir ce qui dépasse votre réalité vous devez fermer les yeux. Ne comprenez-vous pas que pour devenir vous-même vous devez abandonner ce que vous êtes. Ne comprenez-vous pas que le temps véritable est au-delà du temps qui passe. Au-delà ! Voilà le mot, l'expression qui caractérise toute votre ignorance, tout ce que vous n'êtes pas, tout ce qui vous échappe, tout ce que vous voudriez posséder. Posséder ! Voilà votre unique raison de vivre, celle qui vit en vous et vous mène d'hier à demain, vous laissant croire qu'aujourd'hui a un sens qui prendra sens par le pouvoir d'avoir afin d'être. Être qui ? Être quoi ? Être quand ? Être où ? Être comment ? Pourquoi être ? Y a-t-il un je, un toi, un lui, un elle, un nous, un vous, un eux qui puissent faire du moi un soi ? On vous vend des çà ou on vous les donne pour que vous les achetiez plus tard. 

Plus tard, toujours plus tard. Plus tard, tu comprendras. Plus tard, tu sauras. Plus tard, tu auras. Plus tard, tu n'as toujours pas compris. Plus tard, tu ne sais toujours pas. Plus tard, tu as tout perdu, ce que tu avais comme ce que tu n'avais pas. Alors dans ce plus tard, peut commencer quelque chose, être le début de ce qui ne se nourrit ni de demain, ni d'hier, un aujourd'hui sans passé ni futur. Cet aujourd'hui ne commence pas hier et ne finit pas demain. On ne sait pas quand il a commencé cet aujourd'hui et on ignore quand il finira. C'est un long aujourd'hui, pas un moment qui passe. Il est un chemin sur lequel chaque instant peut être un moment infini, comme éternel. Ce moment existait déjà avant d'être et se continuera après être. Asseyez-vous là où vous êtes et sans un geste creusez l'instant présent. Creusez le si profondément qu'il en devienne un abîme, un abîme profond dont on ne peut sortir, un abîme étroit où on ne peut s'y perdre. C'est cela se mettre en abyme pour aller chercher cette lumière, cette étincelle de vérité que la moindre étoile du ciel de la nuit aveugle à notre vue de sa clarté. Cette infime étincelle est la vérité. 

La vérité ! Ce diamant pur qui reste brut tant qu'il n'est pas taillé de mains divines. Vous pouvez de votre art et de vos savoirs l'entailler de toutes parts, mettre en miroir un milliers de facettes ainsi créées, à jamais il restera brut car vous êtes et restez brut. Votre finesse est une brutalité affinée qui jamais n'en sortira. Vous êtes la créature épaisse, celle qui effraie dès qu'on la découvre. Même couverte de beauté, son parfum exulte de brutalité. Vous avez été taillés dans la pierre brute et d'elle en gardez la nature. Pour atteindre la divine beauté, vous devez vous en extraire. Mais comment la brutalité pourrait s'extraire de la brutalité pour aller vers ce qu'elle n'est pas, ce qu'elle ne connaît pas ? Vous n'êtes que agitation. Vous donnez un sens à cette agitation pour lui donner une raison, une raison d'être afin d'être un être de raison. La raison, cette folie qui vous garde bruts tout en vous laissant croire que vous vous éloignez de la matérialité. Vous rejetez la folie, douce ou dure, alors que c'est par elle que l'homme comme la femme se rapprochent du divin. Le divin étant incompréhensible comment voulez-vous l'atteindre de votre raison. La beauté de la création est d'avoir caché dans chaque créature un minuscule diamant de folie. Lui seul est parfaitement taillé pour refléter la divine lumière, celle qui éclaire de l'intérieur, qui reste cachée même au plus profond de la nuit. Pourtant elle est éclatante cette lumière. 

Cette lumière est l'amour. C'est un amour qui ne se donne ni ne se reçoit. C'est l'amour qui est, qui se vit. C'est cet amour que vous demandez, ici, ailleurs, partout, tout en me le refusant. Je vous en demande pas tant et vous me le refusez toujours et encore. Comme à un mendiant assis par terre, vous me jetez des pièces de petite monnaie d'amour et d'argent. Plus vous en jetez, plus elles tombent dans l'abîme sans fin que j'ai creusé là où je me suis assis ce jour où je vous ai attendus. Du haut de votre vanité, de votre mépris, vous faites l'aumône à un riche. Je suis riche de cet amour qui vous est incompréhensible, riche de cet amour qui fait peur, de cet amour capable de dire meure en paix, lâche cette vie de peur et d'esclavage. Sous cet amour, j'étouffe car, telle une montagne volcanique fumante, il bout et pousse son sommet désirant se répandre en des coulées de lave incandescente. Mais vous qui passez aux pieds de cette montagne dont des nuages cachent le sommet, vous ne voyez ni sa hauteur, ni sa force, vous n'entendez que sa fureur que vous prenez pour des grognements. 

Toi qui passes et me souris, toi qui t'assois et me parles, toi qui caresses ma joue de ta main gantée, vous qui n'avez rien compris, rien compris à ce qu'est l'amour, l'amour qui me manque, vous laissez votre brutalité recouvrir ce volcan qui ne peut exploser. Vous qui n'avez rien compris, entendez-vous gronder le sol sous vos pieds ? Vous croyez que ce bruit résonne de vos pas lourds de votre grandeur, alors que c'est la Terre qui gronde écrasée de votre orgueil et de votre vanité. Et cette pluie qui tombe, c'est moi qui pleure, qui pleure sur vous de mon manque de vous. Cette pluie fine et sans fin, c'est toujours et encore moi qui pleure éternellement de mon manque de Toi que j'emmènerai avec Moi vers Lui. 
A Toi, Moi.

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