L’enfant du port de migrants

L’enfant est là assis par terre, une couverture sur le dos, le couvrant tout entier. Son regard est fixe, mais que fixe-t-il ? Cherche-t-il son père ? Son père, il l’a vu périr, ensanglanté des rafales de la morts. Il l’a vu gisant sur le sable chaud de l’Afrique les bras en croix, les jambes écartées, sans plus de vie. Cherche-t-il sa mère ? Sa mère, il l’a vue se noyer. Il l’a vue flottante sur la mer emportée doucement par les vagues de  la Méditerranée. Alors que cherche-t-il ? Le sait-il lui-même ce qu’il cherche assis par terre dans ce port d’Italie qui faisait rêver ses parents.

 

Autour de lui, d’autres regards fixes, beaucoup d’autres regards fixes. Que fixent-ils. Leurs rêves ? Leurs cauchemars ? Les premiers sont des rêves perdus, perdus dans les cauchemars qu’ils ont vécus. Certains cherchent encore un peu d’espoir. L’espoir est de retrouver un époux, une épouse, un enfant perdu de vu dans les horreurs d’un voyage de désespoir. Le soleil, les chauffa, les brula même. Le vent et la pluie les bâtèrent, mais ceux ne fut pas les seuls à les battre. Leur corps en garde encore les traces cicatrisées. Mais leur mémoire, elle ne cicatrisera jamais.

 

Ils cherchaient l’amour, ils ont trouvé la haine et la cupidité. En chemin, ils ont croisé le mépris. Au bout du chemin, ils peinent à trouver la charité. Ils s’entassent dans des camps comme d’autres avant eux,  d’autres qui l’on fait ici ou ailleurs. Le mot vivre ne signifie plus grand-chose pour eux. Le mot avenir, quel sens peut-il avoir pour cet enfant seul assis par terre une couverture sur le dos ? Est-on prêt nous-mêmes à leur en donner un, un sens d’avenir, au milieu de nos égoïsmes forgés par toute une vie de consommation markétée ? Notre cœur est-il prêt à s’ouvrir et avec lui nos bras, nos maisons, nos vie ? Nous qui sommes de l’autre côté du grillage, des écrans électroniques, nous qui les regardons peinés, mais sans plus pour le plus grand nombre. 

 

L’enfant assis sur ce port, une couverture sur le dos, le regard fixe deviendra-t-il juste une belle image ? Une image que l’on se partagera, se donnant bonne conscience, ayant l’impression de partager sa peine et son sauvetage. Les vrais sauveteurs vont et viennent autour de lui, de lui et de son silence dans le bruit du port de migrants. Lui, il ne les voit pas. Il ne voit pas cette femme venant vers lui, lui caressant la tête. Il ne sent pas, il ne sent plus la chaleur de sa peau sur sa joue. Il ne  sent plus rien, ni son cœur battre, ni battre celui des autres, depuis qu’il a vue sa mère s’éloigner doucement emportée par les vagues de la Méditerranée.

 

A tous ceux et toutes celles qui cherchent encore de l'espoir au coeur du désespoir.

Enfant visage ferme triste photo noir blanc

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