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Shoah, pour les Justes protéger la vie fut aussi transmettre du bonheur

Hier en ce jeudi 6 juin 2013 le soleil brillait. Il ne brillait pas seulement dans le ciel de Paris, il brillait aussi dans le cœur de celles et ceux qui, par petits groupes, se dirigeaient vers ce bâtiment longé par l’allée des Justes. Ce bâtiment est le Mémorial de la Shoah à Paris. En attendant le reste de la famille, nous regardions tous ces gens entrer, disant qu’ils venaient à la cérémonie. Nous aussi venions à une cérémonie, mais nous ignorions que c’était la même. Ils semblaient différents de nous, eux juifs, nous goys. Pourtant sans le savoir, nous faisions partie d’une même famille et nous venions à une même et unique cérémonie.

Lettre d'Israël pour un Juste Souvenir d'une lettre d'Israël pour un Juste silencieux

Pendant ce temps, sur mon smartphone s’affichaient les nouvelles autour de la mort de ce presque enfant que fut Clément Méric. Le plus souvent, c’était des indignations à bon marché de la part de politiciens pour qui sa vie n’est plus que de la chaire à canon électoral. Clément fut justement le prénom de mon grand-père. Étrange télescopage entre cette actualité et ce moment mémoriel rendu à un homme, Clément et à sa femme, Jeanne qui sauvèrent trois enfants de la barbarie nazie. Clément Méric ne fut pas tué parce qu’il était né tel qu’il était ou pour ces idées, non il fut tué parce que certains aiment la violence plus que tout. Cette violence qui parcoure les temps et le monde était hier laissée à la porte du Mémorial de la Shoah. Pourtant ce sont des morts qui nous accueillent dont les noms sont gravés sur les murs de l’allée intérieure. Au milieu de tous ces noms quelques blancs montrent que certains ont été effacés. Ces effacements sont-ils des revenus à la vie d’entre les morts ? La vie, c’est-elle que l’on fêtait hier, la vie sauvée.

 

Qui sauve une vie sauve le monde est-il écrit. Trois vies furent sauvées et le monde était là dans cet auditorium presque plein. Entrés parmi les derniers, nous nous assîmes au fond, presque dans l’ombre. Ceux qui étaient à l’honneur n’étaient pas là, plus là, leur temps de vie ayant pris fin. C’est alors leur mémoire qui fut évoquée et associée au titre de Justes parmi les Nations. Mais pas seulement, c’était aussi l’enfance de Nicole, Samy et d’Arlette, disparue, qui fut évoquée. Une enfance qu’ils se souvenaient heureuse à l’image de leur sourire rayonnant. C’était frappant dans ce lieu où la gravité pesait tout autour de nous de les voir souriant évoquer Tata et Tonton Houth. A ce moment là, ma famille s’agrandissait, pas celle du sang, celle d’amour. Il n’y avait plus ni juif, ni goy, il y avait plus qu’une grande famille d’amour réunie autour de la mémoire de Jeanne et de Clément, de Nicole, d’Arlette et de Samy.

Samy Gryn, rescapé de la rafle du Vel d'Hiv 

Après ce moment solennel, autour d’un buffet, nous nous sommes rencontrés. Nicole, en princesse aux pieds nus, évoqua ses jeux dans le jardin de mes grands-parents avec mon père et mes oncles. J’aimerais tant que de cette grande famille d’amour embrasse Israéliens et Palestiniens pour que leurs enfants puissent eux aussi jouer ensemble heureux. Samy en joyeux cabotin, qu’il avoua avoir été enfant, continuait à sauter de groupe en groupe avant de partir trop rapidement. Un mariage a-t-il dit, puis aujourd’hui Israël où il vit maintenant.

 

40 ans est le temps qu’il mit avant de se rendre compte que lui aussi était un enfant sauvé. Il n’est pas n’importe-quel enfant sauvé. Reconnu par le médecin qui lui opéra son bec-de-lièvre, il est un des très rares, trop rares, enfants sauvés de la rafle du Vel d’Hiv. Moins d’une dizaine d’enfants m’a-t-il dit ont survécu à cette rafle, dont lui. Alors on peut comprendre qu’il mit tant de temps avant d’affronter le poids symbolique d’être un survivant à ces milliers d’enfants assassinés. On peut comprendre l’incompréhension que peut être la sienne d’avoir été un enfant presque heureux quand tant d’autres n’eurent pas cette chance. Dans son discours, Samy Gryn dit, je ne sais pas s'ils ont sauvé le monde, mais il ont sauvé l'honneur de la France.

 

Aujourd’hui autre que de la fierté, c’est de l’émotion que j’ai, l’émotion d’avoir vu Nicole et Samy heureux. Ainsi je comprends que mes Grands-parents plus que protéger leur vie, leur ont transmis du bonheur. C’est ce bonheur que je voyais dans le sourire silencieux de mon Père.

Clément et Jeanne Houth, Justes parmi les Nations Comité français pour Yad Vashem

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Pepe meme 002

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