Rappelle toi cette lettre de Normandie

Rappelle toi cette lettre que je t’ai envoyée d’un petit village normand un jour d’été. Je venais de sortir de l’hôpital et je voulais te le dire. Sur un cahier d’écolier, j’ai fais ma dictée, déjà une dictée d’amour. Il y avait sûrement des fautes dans cette lettre écrite à la main. Je ne sais pas car je n’en ai pas gardé de trace si ce n’est des images. Des images de moi, dans un coin de cette petite chambre, assis dans l’ombre  à une petite table, devant un petit cahier. Je me souviens aussi de cette boîte-aux-lettres, dans ce village, près de l’église et des containeurs à tri sélectifs. Ce qui m’inquiétait, c’était l’heure de la levée. J’avais peur que quelqu’un autre que toi ne l’ouvre et ne la lise. Hélas, ce fut fait, ailleurs.

 

Rien de romantique, mais mon cœur n’était pas au romantisme. Mon cœur vacillait encore sous le poids de ces émotions qui n’étaient pas miennes. Ces émotions auxquelles un trop long traitement, trop fort pour celui que j’étais devenu, avait ouvert la porte. L’homme sommeillant était devenu l’homme sans sommeil dans lequel rêves, cauchemars et réalité se confondaient.  Sorti de l’hôpital mais pas tout à fait guéri. Je ne le savais pas encore mais je devais mettre près de deux ans à guérir. Aujourd’hui, après cette merveilleuse Pentecôte, je pense être totalement guéri.

 

J’ai guéri par le temps qui passe, par les paroles dites, par les affrontements et les combats menés contre ces émotions qui me poursuivaient plus souvent le jour que la nuit. La nuit, après avoir été violence, était devenue refuge ; un refuge où tu étais toujours là. Car si j’ai guéri, je n’ai pas guéri de toi. Si c’est à toi seule que j’ai voulu tout dire dans cette lettre de Normandie, c’est que tu as été mon rocher dans la tempête. Aujourd’hui encore, quand je suis triste, quand je pleure, quand la prière ne suffit plus à apaiser mes peines, c’est sur ce rocher que je m’allonge, ce rocher plage de mes rêves. Aujourd’hui, il n’y a plus de tempête. La baie de ma vie s’envase où je m’enlise épuisé d’avoir trop combattu les fantômes de l’amour et ceux de la peur comme les fantômes électroniques.

 

Après aujourd’hui, il y a demain. Demain se vide petit à petit de tous ces actes que je n’ai pas faits, faute de courage, faute d’envie, parce que l’homme qu’ils dessinent n’est pas celui dont j’ai rêvé. Quand même vos rêves vous abandonnent votre vie se vide, comme un vase fêlé laissant s’échapper l’eau de la vie. Puis arrive un moment où il n’y a plus du tout d’eau. L’avenir, on le connaît. Les fleurs vont sécher et on les jettera à la poubelle. Il faudrait un nouveau vase, pour le remplir d’eau fraiche et y mettre de nouvelles fleurs. Pas besoin d’un grand vase, non juste un petit soliflore suffit. Ce n’est pas d’un bouquet dont je rêve, juste d’une rose, accompagnée d’un bouton de rose. Alors peut-être le goût de la vie, l’envie de demain feront rebattre mon cœur et circuler le sang chaud dans mes veines.

 

Souviens-toi de cette lettre de Normandie reçue d’un fou, d’un fou qui ne guérira sans doute jamais de Toi. Peut-être l’as-tu gardée…

 

A Toi, Moi

Lettre 001

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×