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Un vendredi 13 novembre 2015

Un vendredi 13, pour beaucoup n'est pas un jour comme un autre. Certains l'appréhendent, d'autres en profitent pour faire des jeux de paris, d'autres se souviennent avec émoi de l'arrestation de Jésus dans le jardin des oliviers. Je me rappelle, d'un vendredi, où un collègue guichetier était tout joyeux que la journée se soit passée sans problème pour lui. Il nous avait dit que les vendredi 13, il lui arrivait toujours quelque chose. Sur ce, il ferma sa caisse et se coinça les doigts dedans. Ce vendredi 13 novembre 2015, devait être particulièrement attendu par le malheur, toujours aux aguets d'un de ces jours de chance à lui. Il était particulièrement attendu par ceux, nourris d'ignorance et de haine, qui l'avaient préparé patiemment, comme on prépare un jour de grande fête. Un vendredi 13, le mois des morts, quelle aubaine pour tous ces buveurs de sang, ces dévoreurs de vie que sont les terroristes.

 

Ce vendredi 13 là était sûrement aussi attendu, par tous ces hommes et ces femmes qui attendent, après une semaine de labeur, le vendredi soir comme une délivrance. Le début d'un week-end qu'ils espèrent toujours joyeux. Il y avait ceux qui avaient acheté leur billet pour ce match de football au Stade de France, ceux qui avaient prévus de passer un bon moment devant un verre, un sandwich ou un plat, à côté de ce stade ou en plein Paris. Il y avait aussi ceux qui se réjouissaient d'aller voir ce groupe de Métal au Bataclan. Et il y avait tous ceux qui passaient là juste par hasard, le hasard d'un vendredi soir qu'ils pensaient comme les autres. C'est ainsi en ces jours où l'horreur a donné rendez-vous à l'Histoire, pour jouer à qui perd gagne avec la vie des innocents. Tout est comme d'habitude jusqu'à ce moment où tout bascule et la vie de centaines de personnes avec, qui perdront la leur, ou seront blessées, ou encore traumatisées à vie.

 

C'est d'un message sur Twitter que ma curiosité fut éveillée : Que se passe-t-il à Paris ? Alors je bascule d'un jeu de divertissement sur D8 à une chaîne d'information en continue sur I-Télé. Là commence ma nuit d'horreur et de colère. J'y apprends qu'une fusillade vient d'avoir lieu devant un restaurant, Le petit Cambodge. Restaurant asiatique parisien, ce n'est pas vraiment la cible de terroristes habituellement. Mais ce vendredi 13 novembre 2015, c'est la mort haineuse et aveugle qui frappe, sans autre logique que de tuer pour tuer. Puis, comme dans un de ces feuilletons ou films dont on aime s'abreuver pour se faire peur dans nos vies tranquilles d'occidental se croyant à l'abri des guerres lointaines, l'action change de lieu et passe du restaurant au boulevard Voltaire. Autres lieux, même fusillade, autres morts. Scène suivante, la salle de spectacle du Bataclan. C'est là que les terroristes ont donné rendez-vous aux forces de sécurité et aux télévisions pour un grand spectacle qu'ils croient à leur gloire.

 

Ma télévision s'anime d'images de chaos, de paniques, pendant que sur mon smartphone les twittes s'affichent de plus en plus nombreux, expliquant plus la situation, donnant des informations que la télévision ne donne pas. L'assaut a été donné, les terroristes sont morts. L'heure est venue au décompte macabre, aux témoignages sur le vif, aux informations non vérifiées et rapidement démenties ou contredites, aux images cachées. La nuit va être longue, ce vendredi 13 novembre 2015 va durer plus de 24 heures. Dans cette bataille d'images, je modifie ma photo de profil sur les réseaux sociaux que je venais de changer en début de soirée. Je lui ajoute un bandeau noir en signe de deuil. Ces images et ces twittes alimentent ma colère contre ceux qui viennent de finir leur vie dans un concert de bombes et de fusils-d'assaut et leurs commanditaires. Leur mort me rassure et assouvit un peu ma soif de vengeance d'homme mortellement blessé par procuration, mais elle n'apaise pas ma colère. Reprenant un peu mes esprits, je m'inquiète du sort de celle que j'aime et de celui de mes enfants. Tous vont bien. Dieu soit loué !

 

A la télévision les mêmes images commencent à tourner en boucle, faute de nouvelles. Les commentaires se succèdent et se ressemblent, changeant juste le chiffre des morts et des blessés. Le corps d'une victime que l'on devine sous une bâche jaune et un bras de terroriste arraché illustrent les commentaires. Finalement, il y a peu d'images choquantes. La plupart des morts sont dans cette salle de spectacle, où vient d'être donnée la dernière représentation, mais pas finale, de la tournée du spectacle de la mort aveugle de masse. Pour les autres, la police empêche d'en approcher suffisamment pour assouvir le voyeurisme habituel d'une télévision prise de court par la vitesse des évènements. Cette vitesse d'exécution de leur macabre plan est presque un loupé médiatique pour ces terroristes si avides de célébrité médiatique. La solidarité qui s'est immédiatement et spontanément mise en place est le grand échec de ces terroristes.

 

Aujourd'hui, les files d'attente pour donner son sang, les mots et gestes de solidarité, les prières qui s'élèvent sont autant d'échecs à leur politique de la terreur et de la division. J'en vois sur les réseaux sociaux qui s'émeuvent qu'il y ait autant de messages appelant à la prière en ce premier jour deuil. Leur vision étroite d'une laïcité rigide, presque extrémiste, limitant la pratique religieuse et spirituelle aux murs d'une maison, est prise en défaut. Ils ne veulent pas croire que leur concitoyens aient ce réflexe de prier, de prier en plus en public et d'appeler les autres à prier, réflexe moyenâgeux pour eux. Ils voudraient peut-être une mort aseptisée, où l'âme serait comme le Père Noël, un personnage légendaire pour des enfants crédules. Mais voilà, la vie est bien plus complexe que leur vision simpliste d'une France adepte d'une laïcité athée avec juste quelques rares illuminés. Oui, face à la mort, nous sommes nombreux à avoir le réflexe de prier, un Dieu ou une divinité, même si nous n'allons pas souvent dans une église, un temple, une mosquée ou une synagogue.

 

Finalement qu'est-ce qui les a dérangés le plus, ce vendredi 13 novembre 2015, tous ces athées militants de leur laïcité déspiritualisée ? Que des terroristes tuent en plein Paris comme dans les pays en guerre auxquels ils sont habitués par médias interposés ? Ou de découvrir qu'ils sont entourés de croyants ?

Attentats paris tour eiffel 001

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