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Enfanphelin

Je dis il parce qu'en français enfant est masculin, mais je pourrais dire elle ou encore ils ou elles, ou bien il et elle. Nous les avons voulu ou pas. Ils sont arrivés par notre volonté ou par le destin. La mère les a mis au monde et le père les a accueillis, quand il était là. Puis ils ont commencé à grandir ou pas, certains n'ayant vu le jour que pour entrer directement dans la nuit. Leur vie s'est comptée en jours, en semaines, en mois ou en années. Nous les avons aimés, pas assez ou trop, bien ou mal, selon qui nous sommes, de ce que notre histoire a fait de nous, selon ce qu'ils représentaient à nos yeux et nous rappelaient.

 

Nous avons eu le temps ou pas de sourire et de rire avec eux, de leur apprendre des choses, à parler, à marcher, à monter et descendre les escaliers, à traverser une rue, à être prudent. Nous avons peut-être pu leur apprendre aussi à faire attention à l'autre, à prendre soin de lui quand il en a besoin, à avoir ces mots, ces gestes qui font de nous des êtres d'amour. Pour une mère et pour un père, l'amour pour son enfant va presque de soi. Il est de nature pour la plupart d'entre nous. Cet amour né du regard et qui prend vie quand nous prenons celui ou celle que nous appelons notre enfant dans nos bras. Il grandira comme lui au fil des jours, avec des jours de soleil, des jours de vent et des jours de pluie, d'année en année pour ceux qui auront la chance de connaître des anniversaires.

 

Puis un jour arrivera ce moment de la séparation, de la séparation des corps et du déchirement des cœurs. Chacun partira, gardant une partie du cœur de l'autre. Dans cette tombe ou cette urne, c'est le cœur de la mère ou du père qui saignera, souvenir après souvenir. Il y aura peut-être des jours de repos où ils n'y penseront pas, suivis de jours de colère ou de peine ou encore de honte d'avoir osé en laisser passer un ou plusieurs sans y penser. Il y aura des jours-souvenirs ensoleillés où leurs souvenirs seront des plus beaux, toujours suivis d'un ciel gris, parfois de pluie, dans lequel tous les nuages auront son ou leur visage.

 

Dans sa chanson "Pas de mot", Linda Lemay déplore et comprend l'absence de mot pour désigner un parent qui a perdu son enfant. Ici, je veux en dire un, Enfanphelin. Aucun mot ne dira jamais la peine et la souffrance d'avoir perdu son enfant, mais être en plus orphelin de mot pour dire qui ils sont devenus par cette perte est un triste oubli de la langue française. Avec cet Enfanphelin, je veux humblement réparer cet oubli, conscient qu'il ne réparera jamais ce qu'a provoqué la mort de son enfant.

Parents cassandra

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