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C'était une fin de l'abondance et de l'insouciance

C'était une abondance et une insouciance que l'on nous disait terminées. Beaucoup disaient que le temps de l'abondance et de l'insouciance était fini mais c'est quand ce président de la République française l'eût dit que les esprits en furent marqués. Si lui, qui était tout en haut de la pyramide sociale du pays, lui le décideur suprême le disait, ce devait être vrai. Si la France, parmi les tous premiers pays industrialisés du monde, ne pouvait plus tout produire et acheter tout ce qu'elle ne pouvait pas produire, c'est que l'heure était grave. A la recherche de preuves, les gens parcouraient les grands magasins, les hypermarchés, ces lieux où l'on trouve tout en abondance, et là, ils y voyaient des rayons vides. Des rayons étaient vides de produits du quotidien. Les pâtes, l'huile, la moutarde, des yaourts et du beurre manquaient, même des œufs. On nous disait d'abord que c'était la faute de la pandémie mondiale de COVID-19, puis ce fut la faute de la guerre en Ukraine. A la fin de l'été, ça avait été la faute de la forte canicule qui avait régné. Les vaches n'avaient plus de pâtures brûlées par le soleil et le lait avait commencé à manquer ici et là. Le foin d'hiver avait été utilisé faute d'herbe et on nous disait que le lait allait aussi manquer à l'hiver. Des agriculteurs, ne pouvant plus nourrir leurs bêtes, les envoyaient à l'abattoir réduisant d'autant les cheptels. L'automne arrivé, arrivaient avec les premières revendications salariales de nantis du monde ouvrier et c'était toute la France qui manquait de carburant. Essence et gasoil ne sortaient plus des raffineries. Les stations à essence fermaient alors que le Gouvernement avait subventionné les carburants pour tous les français. Pire, c'étaient les stations Total les plus touchées, celles qui avaient ajouté une réduction supplémentaire. Cela dura des semaines, plus d'un mois avant que le patronat ne cède. Premier signe que si on est un ouvrier ou une ouvrière privilégié par un contrat de travail sûr dans une entreprise publique ou privée sans difficulté financière, on peut mener la lutte des revendications, notamment salariales, plus souvent au détriment de tous les autres salariés moins bien lotis qu'à leur profit, ces ouvriers, ouvrières et employés auxquels la lutte n'est pas autorisée de par le risque de perdre leur travail. Ainsi, à Noël, comme chaque année, un préavis de grève avait été déposé par des syndicats de la SNCF, complices d'un système refusant le système concurrentiel et ses règles au détriment de tous les voyageurs et voyageuses. Ils voulaient et veulent toujours que tout se passe et se continue pour eux comme au temps des Trentes Glorieuses, quand l'abondance était encore, refusant de voir que le monde a changé. Passer cette grève organisée par un collectif en marge de leurs syndicats complices, ce sont les médecins de ville qui se mirent en grève entre Noël et le Jour de l'An, comme si les fermetures habituelles des cabinets pour qu'ils partent en vacances avec leur famille ne suffisaient pas. Ils se sentaient s'appauvrir eux aussi. De super nantis, ils ne n'étaient plus que de simples nantis. Il est vrai que le prix de la consultation des médecins généralistes n'avait pas été augmenté depuis des années. En faute, l'hôpital, disait-on, qui absorbe une part de plus en plus importante du budget de la Sécurité Sociale. La consommation de médicaments avait été maîtrisée en remplaçant les marques par des génériques comme les consommateurs et consommatrices remplacent les produits de marques Internationales par d'autres de marques distributeurs. Les médicaments aussi commençaient à manquer dans les pharmacies. La faute à l'Inde et à la Chine disait-on. L'hôpital se plaint, lui, d'être de plus en plus à l'abandon. Les locaux sont vieillissants et le personnel manque, préférant aller dans le secteur privé ou dans les soins de ville, notamment pour les infirmiers et surtout les infirmières où ils et elles sont mieux payés et où les conditions de travail sont meilleures, paraît-il, même si les frais de déplacement ne sont pas assez payés. Alors on manque de soignants. La France manque de soignants pour ne pas en avoir formés suffisamment en temps voulu. Alors on fait venir de l'étranger des soignants. On les dit pas aussi bien formés que les soignants français, comprenez pas aussi compétents. Pourtant, c'est à eux et à elles que l'on confie la santé de nos enfants, parents et grands-parents, nos vies même. Alors, on les paie moins que les français. C'est la règle du nationalisme économique, tous et toutes avons le droit d'être soignés pareillement, français comme étrangers, mais pour moins cher si le soignant est lui-même étranger. Un médecin français a droit à une belle maison de centre-ville ou de quartier riche quand un médecin étranger n'a le droit qu'à un appartement dans une cité périphérique, même dans une cité ouvrière s'il est débutant. C'est son pays d'origine qui a payé sa formation mais c'est nous qui profitons de ses compétences et talents. La pénurie du plus riche est toujours moins douloureuse que la pénurie du plus pauvre qui ne peut pas s'acheter ce qu'il lui manque. Merci à la guerre en Ukraine qui renforce les régiments de soignants et d'élites intellectuelles venus de l'Europe de l'est poussaient à la fuire que l'on soit russe ou ukrainien. Côté russe, ce sont les hommes qui fuient pour ne pas être transformés en chair à canon pour servir l'ambition d'un dictateur devenant un peu plus fou au fil des mois. Côté ukrainien, ce sont les femmes qui fuient avec leurs enfants un pays sous la coupe de la mitraille, des obus, des missiles et de la guerre sans foi ni loi. Là-bas aussi, l'abondance est terminée, au moins le temps de la guerre. Tout manque, on ne peut plus s'éclairer ni se chauffer alors que le Général Hiver est là. On ne peut pas se nourrir tous les jours non plus. Vous qui, ici, vous plaignez d'un manque d'abondance et de la fin de l'insouciance, vous qui trouvez vos conditions de vie difficiles allez donc en Ukraine ! Je ne vous parle pas d'un de ces pays d'Afrique dont nous avons pillé les ressources naturelles, dont nous pillons les forces humaines après les avoir mis en esclavage dans les siècles précédents et que l'on accuse d'être responsables de leur propre misère actuelle, je vous parle d'un pays d'Europe à quelques heures d'avion de Paris, à la frontière de l'Union Européenne. Je vous parle d'un pays dont le peuple, se battant pour sa liberté, se bat aussi pour notre liberté future, celle de nos enfants et petits enfants car la liberté est un combat permanent qui n'aura jamais de fin. Ceci est d'autant plus vrai que l'on y envoie nos armes et mettons nos satellites à la disposition de cet allié de circonstances, qui sacrifie la vie de centaines de milliers de ses citoyens et soldats, se battant contre notre adversaire antidémocratique de toujours devenu notre ennemi de circonstances. Les circonstances sont contre nous et dévorent notre abondance. Pétrole, gaz et électricité commencent à manquer aussi chez nous et chez nos voisins, pays riches eux aussi. L'utilisation du charbon, que l'on devait abandonner pour lutter contre le réchauffement climatique menaçant de rendre la planète inhabitable pour nous d'ici un siècle, est repartie à la hausse. L'énergie est un constituant de presque tout dans notre société industrialisée, les prix de tout s'envolent ici comme là-bas, les biens manquent et les restrictions sollicitées ou imposées sont devenues la règle partout. Le pain pourrait-il manquer ? Non, mais ici et là des boulangeries ferment devant la facture d'électricité de plus en plus chère. Il en va de même pour d'autres magasins alimentaires, des restaurants et des petites entreprises. Moyennes et grandes entreprises ferment, pour les mois d'hiver, des sites de production pour économiser l'énergie, toujours aussi fossile qui de la mort des êtres vivants du monde végétal et animal du passé alimente la vie d'aujourd'hui. Si cet été, la police faisait la chasse aux portes de magasins ouvertes climatisation allumée, maintenant, ce sont les enseignes lumineuses éclairées la nuit qui peuvent faire l'objet de contraventions. Des villes et villages éteignent leurs éclairages publics des bâtiments et des rues l'heure de dormir venue. Tout signe jugé d'excès est chassé et poursuivi pour que tous et toutes sachent que l'abondance est bien terminée et, avec elle, l'insouciance aussi. Le quoi qu'il en coûte, leitmotiv d'un gouvernement, aux abois des élections et de la paix sociale, venu au secours des français et françaises face aux terribles conséquences économiques des confinements dûs à l'épidémie de Covid, est lui aussi fini. Il y a une autre abondance qui est totalement finie, celle de l'argent magique. Dans la foulée de toutes ces abondances qui disparaissent, les prix augmentent et c'est le retour de l'inflation. On n'avait pas vu ça depuis le milieu des années quatre-vingt. Avec le retour de l'inflation forte, ce sont les taux d'intérêts qui augmentent. Les premiers touchés sont les emprunts immobiliers et les emprunts d'État. Terminer d'emprunter pour des agios à zéro voire négatifs. Les premiers touchés sont les plus pauvres et les plus jeunes comme d'habitude. L'État doit payer pour emprunter. Comme il ne peut pas rembourser tout l'argent qu'il a emprunté dans la période de l'abondance et distribué comme des bonbons cet argent qu'il n'avait pas, il doit faire de nouveaux emprunts pour rembourser les anciens. Ça n'a rien de nouveau, ça fait cinquante ans que ça dure, sauf que maintenant, ça a un prix de plus en plus cher. Le service de la dette augmente, comme on dit, de par la croissance démesurée de cette dette et des taux d'intérêt payés dans un budget d'État de plus en plus contraint. Comprenez qu'il faut payer les prêteurs au lieu d'aider les français. Ainsi se rapproche la fin de l'abondance des aides de toutes sortes. Encore un peu cet hiver et ce sera fini. Ce sera le temps des économies, des restrictions importantes des frais de fonctionnement de l'État qui arriveront avec le printemps. Cet État appauvri, notre État français, aura-t-il encore de quoi investir pour notre avenir et celui de nos enfants ? Ne comptez pas sur les régions, départements, métropoles, agglomérations et communes pour le remplacer, ils et elles sont et seront tenues aux mêmes restrictions. Eux aussi vont être frappés par la fin de l'abondance de l'argent magique et confrontés à la hausse de tous les prix. Alors tout le monde y perd ? Non ! Le malheur des uns profite toujours au bonheur des autres. Ces autres sont les prophètes du malheur. Qui sont-ils ? Ce sont les complotistes, les conspirationnistes antidémocratiques, les militants et activistes des extrêmes de tous côtés et de tout ordre, avec les médias et journalistes pour qui un bonheur sans histoire n'a aucun intérêt pour vendre la publicité dont ils s'enrichissent grassement sous couvert d'une pseudo vérité qu'ils appellent l'information. Pour eux, l'abondance n'est pas terminée, elle ne fait que commencer… 

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