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Mylène Farmer, mystique

Les Insondables mystique et alchimie de Mylène Farmer

Avec sa nouvelle chanson Insondables mise en images dans un magnifique clip Mylène Farmer nous propose une véritable mystique de la mort. Ce n'est pas la première fois que Mylène Farmer nous promène aux frontières de la vie. Comme beaucoup, elle a vécue la perte d'un proche, son frère, qui l'a amenée à s'interroger sur l'âme, son existence et sa survivance. Là où beaucoup, encouragés par son site Mylene.net, voient des rappels de ses clips, album et concerts, on peut aussi y voir une histoire, celle d'une vie violemment fauchée et de deux amants séparés par la mort. Suivons cette histoire pas à pas.

 

Tout commence avec ce petit poteau à la boule rouge sur lequel un œil s'ouvre. Cette boule rouge, c'est une tête, la tête de l'accidentée fauchée dans cette rue. Cet œil c'est sa conscience qui s'éveille à une autre réalité, une réalité sans corps. Il est aussi l'œil des Francs-Maçons. Il y a ce tas de pavés qui symbolise une tombe mais aussi un empilement de pierres taillées, peut-être par des mains maçonniques. Dessus on trouve ce dessin évoquant l'homme, un homme dessiné en noir rappelant la partie noire de l'œuvre alchimique. A ses côtés sont des signes, des signes cabalistiques en rouge. Le rouge c'est l'œuvre alchimique au rouge destination finale du Grand Œuvre. L'âme nous est montrée comme un cheval, une licorne plus exactement. Le cheval ce noble animal tant aimé par Mylène Farmer, devient horde galopante sur ce mur, une horde d'âmes galopant vers leur destination céleste.

 

Les signes cabalistiques sont marqués par le carré, comme le sont les pavés. La pierre taillée des Maçons est aussi la Pierre philosophale des alchimistes. Les premiers la taillent, les seconds la forgent au feu, au feu de la vie, ce feu rouge flamboyant comme les cheveux de Mylène Farmer. Ce chemin initiatique commence avec la Pierre brute dans la rue contre le mur. Les souliers montrent le bouts des pieds, il ne sont pas encore celui bien fini sur talon haut que l'on retrouve plus loin abandonné dans l'escalier. Ils sont deux, signe de dualité quand celui abandonné est unique, signe de réunification. A leurs côtés est cette araignée pendue bout au d'un fil rouge. Ce fil est un fil d'Ariane qu'il faut suivre pour monter vers là-haut, d'où il descend. L'araignée est celle de la vie qui va patiemment tisser sa toile dans laquelle elle vous emprisonne pour mieux vous dévorer.

 

L'homme attaché d'un fil rouge au bas d'une gouttière est l'homme jeté ici-bas du haut du ciel. Il est comme l'enfant sortant de sa mère dans le déluge des eaux maternelles. La rue est celle de la vie qu'il va devoir suivre. C'est une vie en chantier que l'on retrouve avec le tas de pavés. Dessus, on y voit des flèches. Des flèches qui vont vers le haut, parfois de côté ou une flèche doublement barrée des interdictions mises sur notre route. Il y a aussi en bas cette croix de l'interdit suprême, celui de retourner en arrière. Tout en haut se trouvent le carré, le triangle et le rond, autant signes que l'initié sait lire. De ce tas se poursuit le chemin en trouvant un autre signe cabalistique. Après ce sont deux mains qui s'accrochent ensemble à de solides anneaux fermement scellés au mur, au mur du temple.

 

Ce mur du temple est celui de l'amour. Les deux mains sont dessinées mais un seul des anneaux l'est. La main de l'homme s'accroche encore à un anneau réel, l'anneau de la vie. La main féminine s'accroche à un anneau évoqué. Elle voudrait rester mais elle s'accroche à une chose qui n'existe plus, sa vie corporelle. Alors elle enfourche la licorne, cet animal mythique des contes et légendes initiatiques que l'on raconte aux enfants, sans nous-mêmes toujours comprendre la portée de ce qu'on lit. Puis la licorne abandonne ses ailles pour ce fondre dans la horde des âmes-chevaux transparentes qui galopent sur ce mur vers sénestre, sombre destination. C'est alors que vient l'étalon noir pour lui montrer l'autre chemin celui de la couleur vers le côté lumineux. L'étalon noir et la jument alezan galopent ensemble sur cet autre mur vers cette autre destination où d'autres les ont précédés.

 

Sur cet autre mur, dans un déchirement, l'âme reprend forme humaine. Au tournant de briques rouges l'esclave se libère pour aller vers une mosaïque de bleus. Juste après, le prisonnier brise les barreaux et se libère. Le corps du vieil homme reste par terre alors que le mur se déchire. Le corps sans vie va dans l'égout se décomposer et retourner à la nature. Enfin la grande porte du temple s'ouvre pour laisser entrer l'âme qui cherche son ciel. Pour cela, l'âme doit abandonner ses souvenirs comme autant de cadres vidés de leur contenu si elle veut accéder au miroir qui l'attend. Ce miroir est symboliquement au-dessus d'une cheminée, lieu du feu où l'alchimiste forge au quotidien sa Pierre philosophale. Il y a aussi à côté d'une bibliothèque bien rangée, signe de la connaissance cachée.

 

Dans un salon vide, se trouvent deux fauteuils symbolisant ces longues discussions où le maître enseigne au disciple les choses invisibles et où les amants s'unissent de l'âme. Ces choses invisibles sont ces cadres apparemment vides mais derrière lesquels se cachent des vérités. Trois cadres, du plus petit au plus grand, nous montrent les trois étapes partant de l'apprenti au maître en passant par le compagnon. Ces cadres sont comme la Pierre des Maçons carrés. Derrière un quatrième bien à part, se trouve un gros cube, symbolisant le grand Maître celui qui a réussi son Chef-d'œuvre, la Pierre parfaite. Il est aussi l'Adepte alchimiste qui suit sa propre voie, à côté des sociétés initiatiques. A la suite, la feuille déchirée d'un journal posé sur un des fauteuils s'envole. Un quotidien qui part, une page qui se déchire. Un des verres dans le cadre de derrière est renversé. Des deux amis qui partageaient le même vin de la vie et de la connaissance, l'un est parti, à sénestre bien entendu. La porte est ouverte laissant entrer le triste vent qui déchire cette page et renverse ce verre.

 

On retourne dans la rue où un corps renversé, drapé de rouge, nous attend. Ce corps est celui de l'homme divin, de Jésus devenu Christ. Il est aussi celui de l'ange déchu dont les plumes tombent. Le chemin suivit nous emmène sur celui de la vie. On y trouve un voyage vers le monde antique, un combat, une fête. Il y a ce temple au toit ouvert où une femme prend forme entre deux colonnes. Ces colonnes sont Jakin et Boaz du temple de Salomon. A l'extérieur du temple sur un linge cachant une fenêtre se dessine un visage. Ce visage est celui du christ, la Sainte-Face. Ce linge est le suaire déposé sur la morte qui dessous continue sa transformation. Sur la lourde porte cloutée est peinte une grosse croix rouge aux branches égales. Nouveau signe cabalistique qui indique l'entrée du Grand Temple Universel, la cathédrale des chrétiens, le sanctum céleste des rosicruciens. Dans ce temple, elle doit laisser les dernières choses qui la retiennent encore à sa vie corporelle. En bas, elle abandonne un piano qui ne jouera plus de musique pour qu'elle chante. Dans l'escalier, elle abandonne ce soulier à talon haut, dernier vêtement de scène pour un spectacle qu'elle ne jouera plus.

 

A l'âme légère et purifiée comme la colombe s'ouvre la porte du miroir. Elle va pouvoir aller voir ce qui s'y cache. Derrière elle, elle laisse un beau corps aux formes arrondies, une cage dorée dont elle est enfin libérée. Qui y-a-t'il derrière ce miroir ? Une poupée à moitié cassée. Symbole de cette enfance vers laquelle elle aimerait tant retourner. Mais la colombe reste dehors derrière la fenêtre fermée qui le lui interdit. Impossible retour pour cette âme libérée et qui pourtant voudrait encore une fois vivre une vie humaine. Corps enfermé, corps chaotique qui l'appelle à une réincarnation vidée des souvenirs anciens. Le cadre-souvenir d'un tendre baisé brise sa volonté de resté là-haut. L'âme entame alors une autres purification celle de la confession de ses péchés en des larmes où elle pourra se baptiser dans un bain d'oublie pour accéder à une vie nouvelle. Elle pleure ses souvenirs, larmes d'eau, larmes de sang sur ces murs dressés qui longent encore un chemin. Au milieu de ces larmes de sang déposées sur les murs, l'attend un ange pour la conduire au fond du couloir où l'entrée d'un autre temple s'offre à elle. Là l'y attend une main descendu d'en haut pour la saisir. Mais elle, la saisira-t-elle ?

 

C'est une nouvelle rue qui s'offre à elle. Une nouvelle Mylène s'écrit en un M rouge sur un mur mis à nu. Dans la rue, les confettis de la fête sont portés par un vent nouveau. Une nouvelle alliance est passée à son doigt. Un nouveau corps est donné pour une femme nouvelle. Les marques des clous crucifiant disparaissent. Elle ne s'attache plus à rien délaissant l'anneau accroché au mur. Une nouvelle nuit de noce et de plaisir se déroule. Mylène réapparaît en un bleu azuré. A la place de la licorne, une main azurée vient prendre l'araignée qui tend encore son fil jusqu'au poteau ensanglanté. Le temps n'est plus celui des heures mais des astres de l'horoscope. La balance n'est plus à l'équilibre. Elle est un trébuché à peine esquissé, il n'y a plus de jugement. Entre le lampadaire et un autre poteau sans trace de sang est tendu à l'horizontal le fil rouge. Sur le mur où étaient les âmes-chevaux, est une farandole de corps bleus dansant. La lourde porte noire est fermée retenue par le fil rouge attachée à la tête de ce poteau. Résurrection alchimique du corps de l'Adepte, accepté à prolonger sa vie en ce monde.

 

Un autre chemin, briser dans une explosion chaotique le miroir pour retourner vers cette maison. Mais les cadres-souvenirs ont disparus et la bibliothèque est vide. Tout est à réapprendre. Ce n'est plus la même maison. Les oiseaux ne sont plus colombes mais pigeons effrayés qui s'envolent. Au bout d'un porche une nouvelle rue, une nouvelle vie l'attend. L'homme, transpercé au ventre, attaché au mur, dit que de nouvelles souffrances l'attendent. Les clous rouillés en croix lui montrent un nouveau chemin de calvaire. Le lion sur le mur nappé de sang d'une gare parisienne pour un nouveau voyage est transpercé aussi, nouvelle blessure parmi tant d'autres. Dans une pièce abandonnée, jonchée de pierres brisées, l'âme d'un homme s'avance rampant vers celle de la femme qu'il a aimée. Mais il ne l'atteindra pas avant qu'elle ne disparaisse dans le sol vers un ailleurs inconnu. Le ciel leur refuse cette union indissoluble qu'ils croyaient être leur amour.

 

A chacun de choisir la destinée de son âme. Dépêchez-vous, car la mort peut vous saisir au coin de la rue !

 

Insondables 003

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