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Morts dans le silence 

 

Ils sont recouverts d'une combinaison blanche et sortent des cercueils. Ils n'en sortent pas un, ils en sortent plusieurs. Ainsi on apprend qu'ils sont morts. Ils sont morts dans le silence, loin de ceux et celles qui les aimaient et qu'ils aimaient. La police est autour parce qu'ils sont des morts qui font peur. Ils font peur parce qu'ils sont morts de ce virus qui fait peur. Ils et elles étaient vieux, très vieux pour certains. Leur grand âge disait combien ils étaient proches de cette mort qui fait peur. C'est parce qu'elle fait peur cette mort qu'ils avaient été enfermés dans cet hôtel de la vieillesse, isolés de la société qui a fait de la jeunesse son idole. Quand devient-on vieux et vieille ? Nous sommes vieux quand le regard des autres nous le dit. Je me souviens de ces deux jeunes filles qui me proposèrent, à la descente du bus, de m'aider à porter mes deux lourds sacs de courses. Ce jour-là, je suis devenu vieux. Un jour, je serai peut-être, moi aussi, très vieux et on me mettra dans un de ces hôtels du grand âge. Un hôtel est un lieu de passage où nous sommes en attendant d'en partir. Eux et elles, c'est vers l'au-delà qu'ils vont partir en en sortant. C'est dans ces hôtels que, silencieusement, ils meurent du terrible virus accélérateur du temps qui passe, dévoreur du temps qui reste. Ainsi, ces belles résidences au cher loyer reprennent leur vieux nom de mouroir. Par la loi de la peur, jusqu'au seuil de la mort, ils seront esseulés confinés dans leur chambre, interdits même du couloir. Vides seront les églises, temples, mosquées, synagogues, pagodes et autres lieux religieux ou profanes où un dernier hommage leur sera rendu dans un silence de mort. 

Combien sont-ils ces morts dans le silence ? On a dit qu'ils seront beaucoup, nombreux, trop nombreux. Déjà nombreux hier, ils étaient assez nombreux pour alimenter cette peur au service de la privation de la Liberté individuelle et collective. Aujourd'hui, ils sont trop nombreux pour faire oublier que rien n'a été préparé pour les sauver. Ils sont si nombreux qu'il est impossible d'ignorer qu'aucun médicament ne pouvait les guérir, nous guérir. Si, peut-être un. On pourrait croire qu'il y a urgence à sauver des vies dans la précipitation mise dans l'enfermement et l'isolement de tous et toutes. Apparemment non. Ce grand médecin, spécialiste mondialement reconnu, à l'allure d'alchimiste, a été lui aussi mis à l'isolement, confiné. Sa maladie ? Le courage ! Il a le courage d'essayer de sauver ceux et celles risquant de mourir quand ses confrères, maîtres de la cérémonie de la peur, se réfugient derrière le doute pour ne rien faire, pour laisser le virus gagner du temps, gagner du terrain, des malades et des morts. Alors qu'ils ont sacrifié notre Liberté à longueur de journée dans les médias complices, ils refusent de sacrifier les procédures qui justifient leur pouvoir de la peur. Il n'y a plus d'urgence à sauver des encore vivants quand leur pouvoir risquerait d'être remis en cause. 

D'ailleurs, de tous ces morts en silence, il y a une réserve de chiffres prêts à être révélés pour alimenter les statistiques de la peur au moment voulu. Gouverner, c'est prévoir. Alors quand on a fait de la peur et de l'asservissement du peuple sa politique, il faut prévoir qu'un jour ce peuple aura moins peur et relèvera la tête. Mais chut, d'autres moyens sont prêts, dans le silence, pour relayer cette peur venant rappeler combien le peuple est un enfant, un enfant qui a peur dans la nuit dont le couvrent les puissants de ce monde. 

 

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