De la finitude et de l'infinitude

L'humain est un animal religieux pour plusieurs raisons. L'une, peut-être la première, est qu'il possède une conscience d'être lui-même. Au cours de l'enfance, il apprend qu'il est né et qu'il va mourir. Il apprend la finitude de sa vie en même temps qu'il découvre qu'il existe des finitudes plus grandes que la sienne, comme celle des arbres, de l'océan, de la Terre. Jusqu'à un passé récent, l'humain ne connaissait d'infinitude que celle de Dieu, quel qu'il soit selon où on habite et la culture religieuse dans laquelle nous avons grandi. Depuis peu, environ un siècle, nous avons découvert que l'Univers aussi a une infinitude. Selon l'acceptation commune de la communauté scientifique mondiale, cet univers a eu un commencement, nommé Big-bang, mais n'aura pas de fin étant dans un mécanisme d'expansion permanent et infini. Cette non-fin, dérangeant certains esprits, est l'objet d'études pouvant la remettre en cause au profit d'une infinité de cycles d'expansion et de rétractation de l'Univers s'enchaînant sans fin. Il y a dans cette idée un parallèle avec le Christianisme qui donne la Création par Dieu le Père partant de la Genèse pour se finir à l'Apocalypse avec la destruction de notre monde physique imparfait remplacé par un monde spirituel parfait et sans fin. Mais si l'Univers est en expansion infinie, dans quoi d'infini s'étend-il ? Si cette boîte qui contient l'Univers a ses propres limites, qu'y a-t-il au-delà de ces limites ? C'est un peu le fil-rouge du cycle littéraire de "Nous les dieux" de Bernard Weber. L'autre raison à la religiosité de l'humain est son caractère grégaire. L'humain est un animal social grégaire à tous les niveaux de son existence. Il se met en couple pour procréer et constitue, la plupart du temps, une famille plus ou moins durable. La cellule familiale est la base de toutes les communautés humaines. Elle est extensible à plusieurs générations ascendantes et descendantes et à une ou plusieurs communautés de proximité. Ces communautés de proximité peuvent être la famille élargie horizontalement aux oncles, tantes, cousins et cousines. Elles peuvent l'être au quartier, au village, à la ville, la région, le pays. L'entreprise est une autre communauté dans laquelle les liens sont semblables à ceux que l'on trouve dans la famille avec ses hiérarchies d'âge, de compétence et de pouvoir. On fait partie d'une entreprise et, à la fois, nous lui appartenons ayant troqué une partie de notre liberté contre une rémunération par le contrat de travail. La subtile différence entre faire partie et appartenir à une communauté identifie notre degré de liberté individuelle vis à vis d'elle que l'on se donne. Ainsi il y a le rebelle et le bon petit soldat. Le grégairisme est universel dans l'Humanité et à l'origine de beaucoup de ses défauts. On trouve l'idée de communauté dans tous les aspects de la vie humaine. Selon qui on est, un homme ou une femme, une personne jeune ou âgée, son origine ethnique, sa couleur de peau, son parcours pédagogique et professionnel, on s'identifie à telle ou telle autre communauté, à une seule ou à plusieurs. Le grégairisme est à la base de tous les racismes, du machisme et du féminisme. En s'identifiant à une communauté, nous la disons être nous et nous nous disons être elle. Si nous sommes elle, alors une autre communauté est l'autre, l'autre qui n'est pas nous. Cet autre qui n'est pas nous, pas moi est-il ou est-elle une menace ou une ressource pour nous, pour moi ? Dois-je la craindre, en avoir peur ou dois-je l'aimer inconditionnellement malgré tout ce qui nous différencie et nous sépare ? A chacun, chacune ses choix ! Parmi ces choix, dois-je croire que Dieu existe et qu'il existe une vie après la mort ? Si oui, y serais-je heureux, heureuse ? Si non, cette vie d'ici et maintenant est la seule qui nous est offerte de vivre, alors à toi et à moi, à nous de faire en sorte que nous la fassions la plus belle possible qu'il nous soit donné par le hasard, la chance, nos actes et peut-être la Divine Providence de la faire…